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15/08/2015

15 août : Marie, mère spirituelle des chrétiens

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« ...ceux qui gardent le témoignage de Jésus » :


 

<<  Relisons certains traits du livre de l'Apocalypse (chapitre 12) dans une perspective mariale. Après la fuite de la femme au désert (12,14) vient le verset 17 : “Alors, pour assouvir sa colère contre la Femme, le Dragon s'en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, notamment ceux qui obéissent aux ordres de Dieu et qui gardent le témoignage de Jésus”. C'est un verset important qui mentionne « le reste de ses enfants », c'est-à-dire tous les chrétiens. En dehors de l'Enfant mâle qu'elle a mis au monde (le Messie), la Femme a encore d'autres enfants.

Voilà qui rappelle étonnamment la scène de l'évangile selon saint Jean (19, 25-27) : Marie près de la croix. C'est là que la mère de Jésus devient, au plan spirituel, la mère du disciple, de tous les disciples : « Femme, voilà ton fils... », « Voilà ta mère ». Par cette maternité spirituelle, elle est devenue la mère de l'Eglise, dont elle est aussi l'image. Nous renvoyons ici à un beau texte de saint Ambroise* où cette synthèse est déjà faite : « Puisse le Christ du haut de la croix dire aussi à chacun de vous : “voilà ta mère”. Puisse-t-il dire aussi à l'Eglise : “voilà ton fils”. Alors vous commencerez à être enfants de l'Eglise, quand vous verrez le Christ triomphant sur la croix »**. La Femme près de la croix est donc transposée par Ambroise en type de l'Eglise et mère de l'Eglise... Quant au disciple, par son regard de foi vers le côté transpercé de Jésus, guidé par le regard de Marie, il est transformé en homme nouveau, il commence à être le fils de Marie, un enfant de l'Eglise, c'est-à-dire un chrétien. Nous sommes tous appelés à cette condition d'enfant au sens spirituel, selon le modèle de la filiation de Jésus. Ici, au pied de la croix, a lieu la naissance du nouveau peuple de Dieu, de l'Eglise, dont Marie est à la fois l'image et la mère.

La figure de la femme en Apocalypse 12 a donc une signification à la fois ecclésiale et mariale : mais surtout sous l'aspect de la maternité de la Femme, donc dans le rapport avec ses enfants. Elle est la mère de l'Enfant mâle qu'elle a mis au monde, mais, au plan spirituel, elle est aussi – et cela vaut aussi bien pour Marie que pour l'Eglise – la mère d'autres enfants, « le reste » de sa descendance.

Ici nous devons fixer notre attention sur un autre détail de ce verset 17, qui est révélateur en ce qui concerne ces enfants de la Femme : « ...notamment ceux qui obéissent aux ordres de Dieu et qui gardent fidèlement le témoignage de Jésus ». Ces autres enfants sont donc les croyants qui, à travers les épreuves et les persécutions, observent les commandements de Dieu et continuent à garder le témoignage de Jésus. Or, la dernière parole de Marie qui fut consignée dans le Nouveau Testament ne dit-elle pas : « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jean 2,5) ? Il s'agit-là de l'obéissance à Jésus, de la fidélité à l'Alliance conclue entre Dieu et son peuple, de l'ouverture et de la disponibilité à l'égard de de l'initiative salvatrice de Dieu : bref, de la foi profonde, qui est la porte d'accès à la condition d'enfant spirituel et qui en est la caractéristique fondamentale.  >>

 

Ignace de La Potterie s.j.   (Marie dans le mystère de l'Alliance, Desclée 1985).

 

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* évêque de Milan de 374 à 397 : un des quatre Pères de l'Eglise latine (avec Augustin, Jérôme et Grégoire).

** Ambroise, In Lucam, VII, 5.